La sortie des énergies fossiles en France : où en sommes-nous ?
Ayant pour objectif d’être le leader en matière de lutte contre le réchauffement climatique, la France a adopté la loi énergie-climat. Elle comprend différents objectifs incluant notamment la transition vers un mix énergétique sans énergies fossiles. Il faut dire que ce sont les principales causes des émissions de CO2 dans l’atmosphère.
Pour lutter contre le changement climatique, l'abandon des énergies fossiles est la solution idéale. La question se pose maintenant sur la situation réelle concernant la neutralité carbone. La France pourra-t-elle atteindre ses objectifs et mettre fin aux énergies fossiles ? Faisons un point sur la situation.
Retour sur les objectifs de la France concernant les énergies fossiles
Il fut un temps où l’Agence Internationale pour les Energies Renouvelables (IRENA) a sollicité les gouvernements à accroître leurs efforts pour éliminer les énergies carbonées de leur paysage énergétique. En France, plusieurs mesures ont été prises afin d’atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050. Découvrez lesquelles !
Le plan climat de Nicolas Hulot pour sortir des énergies fossiles
L’ancien ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a déjà apporté sa pierre à l’édifice dans la réduction des émissions de CO2 en proposant la loi hydrocarbures adoptée par l’Assemblée nationale le 19 décembre 2017. Elle met fin à la recherche et l’exploitation d’hydrocarbures incluant également les gaz et pétrole de schiste. Elle a aussi limité le renouvellement des permis d’exploitation existant à 2040.
Nicolas Hulot a également inclus dans son Plan Climat le renforcement de la fiscalité écologique. En effet, en augmentant le prix du carbone, le ministre de la Transition écologique et solidaire vise la réduction des émissions de CO2. Bien entendu, des mesures d’accompagnement ont été mises en place pour les ménages modestes.
La loi énergie-climat vers la sortie des énergies fossiles
Le 8 novembre 2019, la loi énergie-climat a été adoptée. Composée de 69 articles, elle contient des objectifs ambitieux qui devraient permettre la neutralité carbone en 2050. Via cette loi, le gouvernement entend lancer la sortie progressive des énergies fossiles et le développement des énergies renouvelables. Parmi les objectifs à atteindre, il y a la réduction de 40% de la consommation d’énergies fossiles d’ici 2030.
La PPE et la SNBC fixent des objectifs pour sortir des énergies fossiles
Les décrets sur la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) en France métropolitaine continentale et la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) ont fait l’objet d’une publication dans le Journal officiel le 23 avril dernier. La PPE fixe comme objectif une baisse de 7,5 % de la consommation finale d’énergie en 2023. La consommation de pétrole doit également baisser de 19% par rapport au niveau de 2012 en 2023. Quant aux consommations de gaz et de charbon, elles doivent baisser respectivement de 10% et de 66%. La PPE comporte aussi des objectifs de production d’hydrogène décarboné. Elle devrait atteindre les 10% d’ici fin 2023 et de 20 à 40 % à la fin de 2028.
La sortie des énergies fossiles en France
Abandonner totalement les énergies fossiles d’ici 2050, c’est l’objectif de l’Etat. Le président Emmanuel Macron a promis d’œuvrer dans cette voie pendant son quinquennat. L’arrêt de la production d’électricité via le charbon en 2022 fait partie de ses promesses pendant la campagne présidentielle. La question se pose alors : ou en est la France concernant la sortie des énergies fossiles ?
La sortie du charbon et des énergies fossiles en 2022 remise en cause
Cette promesse d’Emmanuel Macron concernant la fin du charbon en 2022 a été confirmée dans la loi énergie-climat adoptée récemment. Cependant, l’Etat pourrait avoir du mal à tenir cet engagement. En effet, on s’approche de la date butoir. Pourtant, la fermeture des 4 centrales à charbon n’est pas garantie.
Pour information, elles emploient près de 1 000 salariés. Deux d’entre elles sont gérées par EDF et elles sont visibles à Cordemais en Loire-Atlantique et au Havre en Seine-Maritime. Les deux autres centrales basées à Gardanne dans les Bouches-Rhône et à Saint-Avold en Moselle appartiennent désormais à l’entreprise Tchèque EPH du milliardaire Daniel Kretinski.
Notons que pour assurer la sécurité de l’approvisionnement après la fermeture des centrales à charbon, l’Etat a opté pour la mise en service du réacteur nucléaire EPR de Flamanville et de la centrale à gaz à Landivisiau en Finistère. Or, le projet de Flamanville a connu beaucoup de retard.
Du coup, la centrale à charbon de Cordemais, en Loire-Atlantique devrait continuer à produire de l’électricité jusqu’en 2024, voire 2026 d’après Emmanuelle Wargon, la Secrétaire d’Etat à la Transition écologique. En effet, la centrale conservera 10% de ses capacités de production. Autrement dit, elle va passer de 4 000 à 400 heures de fonctionnement par an.
La sortie des énergies fossiles retardée
Il n’y a pas que la fin du charbon qui va connaître un retard. A priori, la sortie de toutes les énergies fossiles sera reportée. Le vrai problème est l’insuffisance des moyens adoptés pour atteindre les objectifs. En effet, pour que cette sortie soit possible, il faudra supprimer tous les avantages fiscaux liés à leur exploitation ou leur utilisation.
En outre, un développement massif des énergies alternatives comme les biocarburants avancés devra être lancé. Or, aucune décision y afférente n’a été annoncée dans la PPE. En d’autres mots, il faudra attendre la mise en vigueur d’une nouvelle PPE, ce qui ne sera pas de sitôt. En ajout à tout cela, la sortie des fossiles ne sera pas possible tant que l’Etat n’adopte pas une politique agricole et industrielle visant à réduire le développement des puits de carbone.
Pour couronner le tout, le gouvernement reste réticent sur l’utilisation du bois ou de la biomasse dans la production d’électricité. Selon Emmanuelle Wargon, le rendement de ces ressources est trop mauvais. En somme, les solutions qui permettent de compenser le manque d’approvisionnement sont encore insuffisantes, ce qui ne pourra que retarder la sortie des énergies fossiles.
Les efforts pour réduire la consommation d’énergie et sortir des énergies fossiles
Même si la sortie des énergies fossiles n'est pas encore garantie dans un futur proche, les efforts en matière de réduction de consommation d'énergie continuent. Après la crise Covid-19, le gouvernement a décidé de mettre en place la RE 2020, la nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs. Plus ambitieuse, elle vise à réduire l’empreinte carbone des bâtiments, à optimiser leur bilan thermique et à garantir aux occupants du confort et des économies durant les étés de canicule. Cela pourrait contribuer à l’atteinte de la neutralité carbone et permettre la baisse de consommation des énergies fossiles.
A plus petite échelle les particuliers peuvent également mettre leur pierre à l’édifice en réalisant des gestes simples d’économies d’énergie et en réalisant des travaux de rénovation énergétique au sein de leur logement tel que l’installation d’une chaudière à condensation ou l'isolation des murs. De nombreuses aides financières sont disponibles pour les financer.
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En résumé, la France a pris plusieurs mesures qui permettent la sortie des énergies fossiles et l’atteinte de la neutralité carbone en 2050. Il faut citer entre autres la mise en vigueur de la loi hydrocarbures de Nicolas Hulot en 2017. Elle a mis fin à l’exploitation des hydrocarbures. Il y a aussi l’adoption de la loi énergie-climat qui fixe pour objectifs la baisse de consommation des énergies fossiles de 40% d’ici 2030 et le développement des énergies renouvelables. A tout cela s’ajoutent la mise en vigueur de la PPE et de la SNBC. Pourtant, certains objectifs ne peuvent être atteints. C’est le cas de la fermeture des centrales à charbon en 2022. En effet, celle de Cordemais devrait continuer à fonctionner 400 heures par an d’après la Secrétaire d’Etat Emmanuelle Wargon. Ainsi, la sortie des énergies fossiles en France risque de connaître du retard, ajoutée à cette crise sanitaire qui devrait avoir un impact négatif sur l’économie du pays.